Les grands principes confirmés

  • Réparation intégrale : Le Conseil d’État a réaffirmé que la victime doit être replacée, autant que possible, dans sa situation antérieure, sans perte ni enrichissement.
  • Libre disposition des indemnités : Les sommes versées appartiennent pleinement à la victime, qui peut les utiliser comme elle l’entend.
  • Reconnaissance élargie des préjudices : La jurisprudence admet désormais des préjudices professionnels même en l’absence de parcours scolaire ou professionnel établi ( kos-avocats.fr ).

Nouveautés et tendances 2025-2026

  • Typologie des préjudices indemnisables enrichie : Outre les classiques (souffrances endurées, déficit fonctionnel, préjudice esthétique, etc.), on voit apparaître une meilleure prise en compte des préjudices liés à la vie familiale et sociale conseildroit.fr.
  • Anticipation des besoins futurs : Les indemnisations incluent davantage les perspectives de soins, d’assistance ou d’adaptation du logement, afin de garantir une compensation durable ( conseildroit.fr ).
  • Projet de réforme de la responsabilité civile : Les discussions autour d’une modernisation du Code civil visent à harmoniser les règles de réparation et à mieux intégrer l’évolution de la jurisprudence.
  • Barème Dintilhac toujours central : Il reste la référence pour catégoriser les préjudices, mais son application est de plus en plus affinée par les juges et les experts.

Acteurs et procédures

  • ONIAM et CIVI : Ces organismes continuent de jouer un rôle clé pour les victimes d’accidents médicaux ou d’infractions.
  • Expertise médicale renforcée : Les tribunaux exigent des expertises plus détaillées pour évaluer précisément l’impact du dommage corporel.
  • Stratégies de défense : Les avocats spécialisés insistent sur la nécessité de documenter chaque aspect du préjudice pour maximiser les chances d’obtenir une réparation juste.

Points de vigilance

  • Les délais de procédure restent longs, ce qui peut retarder l’indemnisation.
  • Les réformes en discussion ne sont pas encore totalement stabilisées : certaines dispositions pourraient évoluer dans les prochaines années.
  • Les victimes doivent être attentives à la distinction entre préjudices patrimoniaux (pertes financières) et extrapatrimoniaux (souffrances, atteintes à la vie privée), car les modalités de calcul diffèrent.

En résumé : 2026 confirme la tendance vers une réparation plus complète et personnalisée des préjudices corporels, avec une meilleure prise en compte des besoins futurs et des situations atypiques. La jurisprudence affine les contours de la réparation intégrale, tandis que les projets de réforme cherchent à moderniser et harmoniser le droit.


Sources: conseildroit.fr philippe-gonet-avocat-mti.fr kos-avocats.fr A. Bamdé & J. Bourdoiseau


Voici le tableau enrichi avec les tendances 2026 qui marquent l’évolution de la réparation des préjudices corporels en France.

Réparation des préjudices corporels : tendances 2026

Catégorie Type de préjudice Exemples Objectif de l’indemnisation Tendances 2026

Patrimoniaux

Dépenses de santé futures

Soins à vie, appareillages, prothèses

Anticiper les besoins médicaux futurs

Meilleure prise en compte des soins de longue durée et des innovations médicales

Pertes de gains professionnels futurs

Impossibilité de reprendre un emploi, reconversion

Garantir un revenu de substitution

Reconnaissance accrue des parcours atypiques et des pertes de chance professionnelles

Frais divers

Transport, aide humaine ponctuelle, aménagement du logement

Couvrir les dépenses liées au handicap

Accent sur l’adaptation du logement et les aides technologiques

Incidence professionnelle

Dévalorisation sur le marché du travail

Reconnaître l’impact durable sur la vie pro

⚖️Jurisprudence plus favorable aux jeunes victimes sans parcours établi

Extrapatrimoniaux

Déficit fonctionnel permanent

Handicap durable, perte d’indépendance

Compenser l’atteinte définitive

Évaluations médicales plus fines pour mieux calibrer l’indemnisation

Souffrances endurées

Douleurs physiques et psychologiques

Réparer la souffrance vécue

Prise en compte renforcée des troubles psychiques post-traumatiques

Préjudice d’agrément

Impossibilité de pratiquer loisirs ou sports

Compenser la perte de qualité de vie

Valorisation accrue des activités culturelles et sociales perdues

Préjudice sexuel

Atteinte à la vie intime

Reconnaître l’impact sur la sexualité

Plus grande sensibilité des juges à ces atteintes

Préjudice d’établissement

Impossibilité de fonder une famille

Réparer la perte d’un projet de vie

Reconnaissance élargie des projets de vie non traditionnels

Préjudice exceptionnel

Atteinte particulière non prévue

Adapter la réparation aux cas atypiques

Ouverture à des préjudices liés à la vie numérique et sociale


En résumé

  • Personnalisation accrue : Les indemnisations s’adaptent davantage aux parcours individuels.
  • Projection dans l’avenir : Les besoins futurs (soins, logement, vie sociale) sont mieux anticipés.
  • Ouverture à la diversité des vies : Les juges reconnaissent des projets de vie variés, au-delà des schémas classiques.

Maître Joëlle Marteau-Péretié, avocat à Lille en Droit des victimes